Dans une nation où l’enseignement a toujours occupé une place primordiale, il est alarmant de voir se dégrader les systèmes éducatifs. Quand les syndicats et une fraction significative des enseignants contribuent à cette dégradation, quelle qu’en soit la raison, le danger s’accentue.
Les conséquences de cette situation touchent directement les futurs dirigeants du pays, ainsi que ses institutions et son économie. Le manque de compétences et le niveau insuffisant d’instruction et de savoir-faire technique chez les jeunes générations menacent la sécurité de l’Etat. En utilisant les enfants du pays comme levier pour des motifs principalement financiers, nous compromettons l’avenir de toute une nation.
Les difficultés du système éducatif en Tunisie
Les failles du système éducatif tunisien sont en partie attribuables à une gestion déficiente des ressources humaines, marquée par des pratiques de corruption administrative et des problèmes de recrutement. Certains enseignants sont en effet embauchés en fonction de leur ancienneté militaire ou de leur compétence. A cela s’ajoute le vieillissement des infrastructures scolaires publiques, l’accumulation inactive de savoirs, et des problèmes pédagogiques tels que l’enseignement scientifique en arabe puis en français, des méthodes désuètes et une tendance à l’endoctrinement plutôt qu’à la formation de citoyens éclairés et aptes à appliquer leurs connaissances.
Il ne faut pas négliger le rôle des écoles privées et des cours particuliers, qui ont gagné en importance au cours des trois dernières décennies. L’Etat porte une part de responsabilité dans cette privatisation ; face à des infrastructures publiques inadéquates, les parents privilégiés préfèrent inscrire leurs enfants dans le privé. Le système éducatif est ainsi menacé par la dégradation des établissements publics, la fuite des compétences, et la faible connexion entre les filières scolaires et la formation professionnelle. Par ailleurs, l’éducation actuelle s’oriente davantage vers les sciences, les technologies de l’information et la communication, ainsi que les langues étrangères, tout en commercialisant le savoir.
Les principaux réformes de l’éducation
Le juin 2022, lors de la présentation du programme national des réformes du gouvernement Bouden, le ministre de l’Education, Fethi Sellaouti, a exposé les principaux axes de la réforme du système éducatif. Cette réforme scolaire s’articule autour de la promotion des programmes, la révision des contenus des manuels, l’ajustement du temps scolaire et le développement des activités culturelles et sportives au sein des établissements. Sellaouti a souligné que cette stratégie a été élaborée en collaboration avec les syndicats de l’enseignement affiliés à l’UGTT.
Le ministère de l’Education prévoit de réviser la carte scolaire, de renforcer les infrastructures des établissements éducatifs, et de lutter contre le décrochage scolaire et les comportements dangereux, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des écoles. En outre, Sellaouti a mentionné l’objectif de consolider la numérisation du système éducatif. Il y a quelques semaines, le ministère a entamé la révision des programmes éducatifs et des manuels datant de 2002. Dans ce cadre, le ministère a annoncé un accord de principe visant à alléger les programmes scolaires, en réunissant les différentes matières du primaire dans trois manuels à partir de l’année scolaire 2023-2024.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.